• Vu que la chronique vient de fermer et parce que j'aime bien ce texte expliquant le passé de mon personnage, je le met ici.

    Helen Willow est née dans une petite ville perdue au milieu de la Prairie.
    Son grand-père était pasteur, son oncle repris le sacerdoce à la suite de son grand-père et devient le révérend Mallow.

    Son père à elle suivit un parcours un peu différend et s'amouracha d'une mulâtresse venu d'on ne sait où, certainement d'une de ces plantations de coton du sud qui se vidaient une à une depuis que Lincoln en avait tiré les esclaves.
    Ce mariage créa une brouille quelque temps entre les deux frères, mais un pasteur se doit de respecter les commandements du christ, et d'accueillir autour de sa table tout le monde, même le fils prodige s'il revient.
    Tous ne se montrèrent pas aussi charitable, mais bon nombre sont mort aujourd'hui et paix aux défunts, le ciel les jugera, et là où ils sont, le pauvre père et la pauvre mère d'Helen ont plus besoin de prière que de pitié.
    Helen Mallow eut une enfance modeste et fut très tôt accoutumée à un rude labeur quotidien, influence de son oncle pasteur oblige, et étant l'aînée des enfants, il était normal qu'elle seconde sa mère dans toutes ses tâches et même la remplaçant lorsque celle-ci se remettait de ses couches, de plus en plus difficiles au fil de ses grossesses.

    Son mariage à ses dix-neuf ans ne changea pas grand chose à cela, sinon qu'elle avait changer de toit, quittant la maison de ses parents pour vivre dans la fermette de son mari, où vivotait la vieille mère de son époux : Billy Jones.
    Billy Jones n'était certes pas un mauvais bougre, et le jeune couple s'aimait sans doute réellement.
    Il avait seulement un peu trop tendance à vivre dans ses rêves et n'aimait pas vraiment être fermier.
    Aussi une fois sa belle-mère passée, ce fut elle qui tenait le ménage, tandis que son mari se contentait d'obéir à ses ordres et de se la couler douce.
    Au bout de dix années de labeur, Helen était finalement arrivé à faire prospérer la petite ferme.
    Elle et son mari s'entendaient bien, ni plus ni moins que tout les couples, les récoltes étaient belles et les enfants prospéraient.
    Et attention, si Helen aimait à dire que « le Tout-Puissant nous avait mis dans cette vallée de larmes pour qu'on y vivent du labeur de nos mains », elle aimait aussi à penser qu'à chaque jour suffit sa peine, et rire et plaisanter. Mais seulement quand le grain était au sec, que la lessive séchait, que l'ouvrage était reprisé.

    Ce fut quant son aîné atteint les 14 ans que les choses commencèrent à dégénérer.
    Il y avait dans la région un propriétaire de troupeau, Russel père, qui était un véritable rapace sans religion.
    Son oncle déjà, le révérend Mallow, que dieu ait son âme, en parlait d'une voix grave en secouant la tête.
    Mais il était mort, ce vieux forban, et son rejeton, Russel fils était pire que lui encore, et il avait de l'ambition.
    Les petits du vautour ne peuvent que suivre l'exemple du père, c'est connu.
    Ses Long Corn étaient célèbres dans les foires des environs, et sa fortune immense lui permettait de louer autant de cow-boy que désiré pour mener paître ses vaches.
    Seulement, ça lui suffisait pas, rapace et cupide comme il était, il lui fallait plus, il lui fallait tout les pâturages, et la ferme des Jones, entre autres, était sur son chemin.
    Les autres propriétaires firent pas d'histoire, ou très peu, et vendirent vite leur terre, ou bien acceptèrent de les voir piétinées par les cheptel de Russel
    Seulement, ces terres, Helen y tenait et elle était décidée à pas les vendre, surtout pas sous la menace d'un rapace dépourvu de religion.
    Alors, les intimidations pour faire partir les Jones étaient quotidiennes, et la famille vivait dans la peur. N'importe qui aurait cédé et aurait filé plutôt qu'endurer ça, mais pas Helen Jones.
    Elle avait ses principes, elle avait foi en la justice de Dieu, sinon en celle des hommes et surtout elle avait fait sienne cette devise de sa mère : « si Lincoln nous a fait sortir des champs de coton, ma fille, accepte jamais d'y retourner en courbant la tête. Jamais ma fille ».
    Cela, son mari pouvait pas le comprendre, ni que ses terres convoitées étaient précieuse à sa femme parce que c'est là qu'elle s'était usée les mains à travailler, et que c'est la que trois de ses petits enfants qui n'avaient pas vécus étaient enterré. Il est des choses que son homme ne comprenait pas.

    En ville et dans les autres fermes, les gens étaient peureux, et personne avait envie d'attirer l'attention du forban et de sa milice à son tour.
    Le shérif ? Il avait vite fait de choisir son camp entre celui de la fille de la mulâtresse et celui du plus important propriétaire du pays !
    D'autant plus qu'il était aussi le propriétaire du saloon, et que les cow-boy et la milice de Russel constituait l'essentiel de sa clientèle.
    C'est pas pour un minable, sa guenon (pardonnez-moi, c'est le mot qu'il employait, il avait jamais du voir qu'Helen, sous la poussière grise était encore jolie) et leur portée qu'il allait se mettre en frai.
    C'est en vain que les Jones avaient réclamé son arbitrage : il les renvoyait toujours avec un sourire ironique, leur disant qu'il y avait rien de prouvé, qu'il ne s'agissait que d'accidents.
    Même le vieux révérend Mallow courbait l'échine devant eux, et conseillait la fuite à sa nièce têtue, lui démontrant en vain que c'était sans doute là la volonté du Seigneur qui désirait la voir partir plus loin, comme sa mère l'avait fait avant elle, vers l'ouest où de nouvelles terres attendait ses élus, et que c'était pécher que de se montrer si arrogante devant le Seigneur.
    Même ses frères et ses sœur, dont aucun n'habitait plus en ville, lui conseillait de vendre et de partir, peut-être de venir vivre avec l'un d'eux.
    Seulement, Helen ne désirait aucune autre terre que la sienne.
    Helen ne désirais vivre sous aucun autre toit que le sien.

    Le petit jeu, de plus en plus violent, dura encore quelques semaines. Dans la ville, on déplorait ou admirait secrètement, peut-être les deux en même temps, l'entêtement de Helen Jones à vouloir défendre son droit. Mais s'était une impasse où tout le monde s'épuisait et s'énervait.
    Un jour, advint ce qu'il devait advenir : Billy fut tué alors qu'il se rendait en ville.
    Une fois encore, c'était un accident, personne n'est venu témoigner, et les traces de fers imprimées dans la terre tout autour du corps ont vite été effacées.
    Et lorsqu'elle lava le corps de son époux, elle savait déjà qu'elle y relèverait des traces de coup et celle du cheval qui avait piétiné son homme, qui n'était pas monté ce soir là.
    Une fois son homme enterré et ses larmes séchées, elle se montra plus inflexible que jamais. Elle avait oublié qu'elle avait aussi des enfants, et qu'elle se devait aussi de penser à eux.
    Elle commençait à songer à partir, quand tout s'accéléra. Une nuit qu'elle étouffait dans son grand lit trop vide, ou qu'elle avait peut-être une envie pressante qui sait, elle entendit un grattement dans la pièce principale. Immédiatement réveillée, elle saisit l'arme de son père, un fusil lourd et grand et se glissa doucement dans la pièce principale, ou un coup de poing l'accueillit. Tandis qu'on la rouait de coup, elle entendait ses enfant crier et les bandit saccager son intérieur si soigné. Finalement, ils abandonnèrent Helen et ses enfants roué de coups dans la ferme en feu, au milieu de ses bêtes massacrées.
    Elle pu se traîner dehors, ainsi qu'un seul de ses quatre enfants, son puîné. Les autres moururent asphyxiés.
    Cela n'a pas plut du tout dans la région, pas du tout. Beaucoup regrettèrent de ne pas avoir pris plus tôt la défense des Jones. La mère était peut-être une foutue tête de mule, mais les enfants n'avaient fait de tort à personnes. Et le cynisme du shérif qui déclara qu'il s'agissait d'un crime de rôdeurs commençait à indisposer plus d'un.
    En attendant, les troupeaux de Russel paissaient sur ses terres, et Helen se remettaient doucement de ses blessures chez sa sœur. Si son corps guérissait bien, son esprit en revanche était brisé par le drame. Et puisque ni le ciel ni les hommes ne lui avaient apporté de secours, elle se ferait justice elle-même, ainsi songeait-elle dans sa haine et sa rage.

    Une nuit, alors qu'elle pleurait l ses enfants et son époux, toute sa vie massacrée, la coupe noire fut pleine de fiel. Et elle décida de passer à l'action.
    Elle se glissa hors de la maison, une arme à la main, s'empara d'un cheval qu'elle ne prit pas la peine de seller et s'en alla, cahotant sur sa monture, sans plan d'action défini, vers le domaine Russel.
    Elle ne savait pas encore ce qu'elle allait faire, elle savait seulement qu'elle allait se venger.
    Ce fut lorsqu'elle arriva en vue de la maison qu'elle sut. Devant elle s'étendait l'immense troupeau des long corn qui sommeillait debout. Elle se mit à tirer dans les bêtes, méthodiquement, comme ils avait tués ses petits cochons et ses poules, elle les tirait. Et les bêtes affolées et meurtries foncèrent droit devant elles, piétinant tout, les enclos comme les hommes venus pour les arrêter.
    Et elle, froidement, tirait toujours sur ces bêtes du bon dieu, comme si les cris et le sang étaient notions désormais abstraites.
    Elle ne du la vie qu'à l'affolement de son cheval, qui se mêla aux vache et l'emmena loin de la propriété, dans le désert, ou elle fini par choir et se glisser dans une anfractuosité du rocher.
    Trois jour et deux nuit, elle s'y terra, n'osant pas sortir, sur d'être pendue pour son crime : avoir abattu les vaches de celui qui lui avait volé sa vie, son mari, ses enfants, sa terre.

    Ce qu'elle ignorait également, c'est qu'il n'y avait pas que les hommes de Russel qui la cherchaient, par son entêtement à défendre ce qui était à elle, même si les chances de gagner étaient tellement dérisoire, elle avait attiré l'attention d'un paroissien bien peu catholique.
    Il y avait depuis quelques temps déjà dans le pays un drôle de bonhomme que tout le monde ignorait, très discret, ne sortant que la nuit, et parfois les ivrognes rentrant tard se réveillaient le long du chemin avec une étrange fatigue dans les jambes. Rien de bien méchant en somme, si ce n'est que le responsable de tout ces événement restait étrangement inconnu de tous. Personne s'est jamais vanté de ces exploit, et pendre un ou deux traîne la semelle n'y avait rien change : les vaches continuaient à tomber malade de temps à autre, comme saignée et les ivrognes de rentrer à l'aube, épuisé.
    Les péones mexicains d'importation parlaient de Sucacabra avec des regard emplis de terreur, mais personne a jamais fait attention aux délire de pauvre macaques de cette sorte...
    Ce bonhomme s'était pris d'intérêt comme tout le monde pour la querelle, mais la figure d' Helen le fascinait plus qu'aucun autre.
    Et quand il appris le geste fou qu'elle avait posé, il décida de la trouver avant tout les autres, et de s'en occuper personnellement.
    Il partis personnellement en quête de la femme traquée, et plus fin que les autres, fini par mettre la mains dessus, l'amadouer... l'étreindre.
    Richard Berrie appartient au clan ventrue.
    Pour les siens, c'est un original, un aventurier.
    Admirant la détermination de la femme seule, il a décidé de l'étreindre plutôt que de la laisser crever au mains des sbires de l'éleveur ou seule au soleil du désert.
    Helen n'est pas restée longtemps en sa compagnie, juste ce qu'il fallait pour apprendre les rudiments de sa nouvelle condition.
    Elle a décidé de foutre le camps à la première occasion, n'appréciant pas la compagnie trop désinvolte de cet homme bien vêtu.
    Et lui, bah, lui quand il a vu que l'infant s'était enfui, s'est montré très flegmatique.
    Il s'est renseigné sur la direction qu'elle avait prise, a conclu que c'était à elle de tracer sa route, et est reparti de son coté... Mais il parait qu'il garde un œil sur elle, via une goule, ou un servant, qui le renseigne sur ce que fait son infante.
    A ses yeux, Madame Willow a un sacré potentiel !

    Helen décide de quitter son village, mais elle pense souvent à l'enfant qu'elle a laissé aux soins d'une sœur.
    Elle est solitaire et farouche, la vie lui a pas fait de cadeaux.


    Ainsi elle s'installa dans la région de Boomtown où les vampires commençaient d'affluer et de s'installer. Elle posa son balluchon, aquis quelques relations, se tailla une place modeste et vécu dans l'orphelinat qu'elle avait racheté avec l'aide d'un de ses pairs, Maverick. Seul Dieu sait ce que ce dernier avait en tête en lui fournissant le bien pour racheter la massure, mais Helen ne prit pas le temps de s'y interresser. Elle devint la directrice de l'orphelinat, et cela était bien.

    Mais malgré sa position sociale non négligeable dans la cité, et malgré les nombreux enfants dont elle était entourée en tant que directrice de l'orphelinat, Helen ne s'est jamais habituée à Boomtown. Ses frères de sang lui paraissant étranges, leurs querelles lui étant étrangères, l'existance loin d'elle de son dernier enfant la taraudant comme un fer chauffé à blanc.

    Puis n'y tenant plus, elle est retourné vers sa ville,après avoir confié la direction de l'orphelinat à celle qui était sa goule, emportant quelques maigres affaires avec elle, s'enfonçant dans les grottes le jour pour y dormir...

    Heureusement il n'y avait que très peu de cainites dans le maigre petit village de sa famille, et il ne fut pas trop difficile de vivre éloignée de leurs affaires. Bien que de temps a autre elle en ait croisé un ou deux
    dans ce qu'elle est venue à considérer comme son petit domaine. Son existence relativement discrete lui a éviter de croiser la route de ceux ayant causer sa fuite de la région... Mais s'ils l'avaient oubliés,
    elle n'avait pas rennoncer pour autant à sa vengeance.

    Durant de longues années, elle vu son enfant survivant grandir et fonder sa famille, et a joué de son statut de hors la loi pour lui rendre de très discrètes visites en lui faisant jurer de ne jamais parler d'elle en dehors de la famille et pour expliquer pourquoi elle ne pouvait jamais s'attarder plus de quelques heures...

    Et durant ces années elle a accumulée le fiel et la rancoeur vis-à-vis de ceux qui avaient causer la ruine de sa maison... Et elle a progressivement mis à profit ses nouveaux talents pour semer la peur et le doute dans le coeur de l'éleveur, devenant de plus en plus téméraire au fil des mois, découvrant son talent et ses limites tout en endurcisant son coeur pour semer la désolation. Commençant par s'attaquer à nouveau au bétail, faisant naitre les histoire de chupacabra dans le coeur des peones supersticieux, elle a ensuite tourné son attention vers la maisonnée des éleveurs, les vaches innocentes ne pouvant fort longtemps assouvir son besoin de vengeance.

    Timidement d'abbord mais de plus en plus hardiement elle s'en est pris à la maisonnée des incendiaires de sa famille, commenceant par les cow boy, puis les serviteurs, en des cercles concentriques qui ont fini par lui faire hanter les couloirs tapissés de moquette somptueuse de la maison de son ennemi. Une nuit, elle pu ainsi entrer dans la chambre de l'un des fils, où reposait dans son berceau de dentelle le nouveau-né... Mais malgré toute la fureur qu'elle nourrissait contre cette famille, elle n'a pas su maltraiter lenourrisson... Cependant la terreur que la maisonnée
    à ressenti lorsqu'ils ont vu l'enfant posée sur le lit des parents, en pleurs, les voilages du berceaux déchiré et une servante terrorisée par l'apparition d'une dame blanche tenant l'enfant dans ses bras ont
    consollé Hellen Willow de toutes ses peines...

    Ce jeux a duré quelques années de suite, les éleveurs perdant peu à peu toute puissance tandis que la santé mentale de la maisonnée baissait au fil des mois sans que personnes ne puisse rien faire contre le malheur
    qui les frappait. Au village, certains parlaient de la Colère Divine frappant les assassins de la famille Jones, et ces bruits réjouissaient Hellen lorsqu'elle hantait les ruelles et les arrières cours.

    Puis au fur et à mesure que le temps passait elle voyait mourir ceux qu'elle avait connu. Les visages familiers disparaissaient ou se transformaient en des visages de vieillard usés qu'elle ne reconnaissait
    pas. Le temps qui ne l'affactait plus personnellement changeait tout autour d'elle, fauchant ses anciens amis, sa famille même...

    Alors, 50 ans après son départ de Boomtown, la femme se souvint des gens qui y vivaient et qui constituaient désormais la seul société dans laquelle elle pourrait encore être admise. Une nouvelle fois elle rassembla ses affaires et repris la route, les blessures de son passé enfin apaissées.


     


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  • Sois sage, ô ma Douleur, et tient-toi plus tranquille.
    Tu réclamais le Soir; il descend; le voici:
    Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
    Aux uns portant la paix, aux autres le souci.

    Pendant que des mortels la multitude vile,
    Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
    Va cueillir des remords dans la fête servile,
    Ma Douleur, donne-moi la main; viens par ici,

    Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années,
    Sur les balcons du ciel, en robes surannées;
    Surgir du fond des eaux le Regret souriant;

    Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,
    Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
    Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.

    Lorsque m'étreind l'angoissante sensation du temps qui fuit,
    Et qui ne laisse derrière lui que les vestiges d'un vain plaisir
    Des sensations futiles et fugaces mais nuls souvenirs,
    Cette sensation d'un vide qui guette comme l'abime
    Qui traque les pas de la danseuse sur sa corde raide, imobile,

    Je m'allume une clope, je fume ma peur et consume l'angoisse.
    Je tente d'oublier dans mes larmes cette peur qui me mine.
    Je n'arrive pas à la poser en rime.


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  • Une histoire de vampire en grèce au siècle d'or...

    -Myrion, fils de Polyclète,
    infant de Lucien-

    "Qui es-tu ?" me demande-tu d'une vois tremblante d'angoisse et d'impatience ? Il est désagréable d'avoir à poser cette question à l'intrus qui vient de se glisser dans la pièce, vide de toute autre âme vivante, et de redouter quelque révélation déplaisante, n'est-ce pas ?
    Qui suis-je, en effet... La question attend une longue réponse, tu en est conscient, et celle-ci attendrais des développements plus longs encore... Question à poser à un philosophe si l'on veut passer quelques nuits d'insomnies et de réflexions. Mais assied-toi et laisse-moi te répondre...


    De l'endroit où je suis né
    Tu l'as deviné sans trop de difficulté, je ne suis pas issu d'Athènes, et j'y réside aujourd'hui sous le statut de métèque, même si je suis du même peuple que tout les Hellènes. Cela ne me cause pas de soucis, car je sens au fond de moi que bien des mœurs de cette cité continueront toujours de me surprendre.

    J'ai vu le jour dans la colonie grecque de Massalia, aussi appelée Phocée, selon les auteurs. Mon père était un citoyen de la ville respecté et d'une richesse considérable. Homme fort occupé par la gestion de son entreprise, il pratiquait le commerce avec les Barbares celtes, ibères, ligures, phéniciens d'Afrique et d'Espagne. Notre maisonnée était riche et grande, nombreuse en serviteurs et esclaves. A la différence de vos citoyens qui vénère l'oisiveté comme une preuve de luxe et de richesse, mon père était un homme fort occupé et fort soucieux des affaires "bassement" matérielles, mais cela ne lui retirait aucunement l'estime de ses concitoyens. Je vois que cette notion t'es étrangère, aussi je n'essayerai pas plus longtemps de te l'expliquer : l'air de mépris vague que je commence à percevoir sur tes traits m'es absolument odieux !

    Je fus le premier garçon de la famille. Une fille m'avait précédé dans le foyer de mon père, mais ma venue, et surtout ma bonne santé, firent s'envoler tout les soucis qui serait venu obscurcir le front de mon père. D'autres enfants ont suivi, des frères et des sœurs... Mais plus nombreux furent ceux qui ne vécurent pas que ceux qui furent accueillis par notre foyer.

    Etant l'héritier de mon père, j'eu une enfance particulièrement choyée, et mon éducation ne fut jamais négligée. Des précepteurs virent m'enseigner durant ma prime enfance, jusqu'à ce qu'adolescent, mes connaissances et mon âge turbulent leurs rendirent trop ardue la tâche de m'enseigner. Alors, je fréquentais avec un groupe de garçon une école de philosophie. Ne t'avise pas de sourire avec dédains des philosophes de colonies marchandes, car mon maître faisait partie des disciples de Pythagore de Chios ! Mais qu'est-ce qu'un homme tel que toi peut connaître à l'éducation raffinée des enfants de l'aristocratie ? D'autres maîtres nous enseignaient la poésie et tout ce qui touchait à l'art d'écrire les vers ainsi que l'art de lire en respectant scansion et éloquence. Nous étions également encouragés à nous affronter en jeux et concours sur la palestre, ce que nous continuions ensuite par des parties d'osselet ou des jeux à boire dans les tavernes du port, où il était bon de s'enfoncer parmi les gens d'origines et de conditions différentes, afin d'éprouver le délicieux frisson de qui s'encanaille. Et par les dieux, c'est vrai qu'il y avait là des gens d'origine fort différentes ! Des barbares petits, brun, sec, aux yeux brillants, aux lèvres sombre, des barbares grand, aux chairs molles, à la stature de géant, aux cheveux abondants et aux joues rasées de près, des barbares à la peau crèmeuse, aux cheveux tressés, aux vêtements étranges. Une foule colorée, adorant des dieux différents, aux mœurs plus curieuses les unes que les autres. Voilà ce qui m'a donné le goût des étrangers et des voyages !

    Mais l'événement décisif fut un petit scandale qui troubla mon quartier et jeta mon père dans une fureur sans borne. Rien de bien grave, sauf si les pécheurs font partie des familles influentes de la ville qu'il est si bon de pouvoir calomnier. Accompagné de mon groupe d'amis, nous nous adonnions bien souvent à des jeux à connotation plutôt érotiques, et nous y invitions aussi des filles, prostituées ou filles de peu. Cela a fait scandale ; je crois que les parents d'une fille se sont plains de ce que la fleur de l'aristocratie dévoyait ignominieusement la jeunesse défavorisée par le sort, ou quelque chose du genre... Aussi, mon père, après m'avoir copieusement rossé, m'a envoyer pour quelque temps dans un comptoir en terre barbare acquérir un peu de sagesse au prix de mon angoisse et de ma sueur. En un mot, il fallait aller épauler le frère de ma mère dans son négoce, tenir ses comptes, contrôler la marchandise, et autre tâches sérieuse loin des tentations des tavernes de Massalia.

    Mon oncle Phileas
    La ville était petite, le travail fatiguant et répétitif, et les commodités bien moins luxueuses que celles de Massalia. Même les dieux paraissaient plus minables dans leur rusticités à l'impie sans crainte que j'était alors ! Par contre, les mœurs des grecques me paraissaient fort exotiques, teintées qu'elles étaient de coutumes "keltoï" Ceux-ci d'ailleurs me fascinaient, leur habillement immodeste et colorés, les tissus dont ils s'entouraient chaque jambes, les armes qu'ils arboraient farouchement ou les bijoux d'or ou de bronze brillant dont ils se paraient, signes d'une sensibilité barbare, assurément, car aucun hellène n'aurait osé ceindre son cou de gros jonc de métal doré ! Et leur femme marchaient hardiment sur les routes, leur peau de lait exposée sans pudeur à la vue de tous, leur cheveux tressé pendant dans leur dos, ou remonté en chignon exotiques, sans nul manteau où dissimuler pudiquement leur féminité... Barbare et farouche, comme des amazones qui seraient devenues des femmes que le commerce des hommes ne rebuterais point. Quel émerveillement ce fut ! Vraiment, ils ont de la chance, les hommes qui vivent au contact de peuplades variées.

    Dans un registre moins agréable, c'est dans ce village que je me suis aperçus combien ma vie chez mon père était luxueuse et facile. Comme le dis le proverbe : tu t'aperçois de la valeur de la coupe que tu tient à la main le jour où elle vient à casser. Et la vaisselle de terre grossière qui était en vente sur les marchés était vraiment minable et désagréable à la lèvre. Aussi, mon premier acte d'homme a consisté à patiemment entreprendre mon oncle afin qu'il me fournisse les fonds qui me permettraient de monter un petit réseau de commerce de céramique hellène en pays keltoy. Ces gens, tout barbares qu'ils soient, boivent aussi du vin, et l'usage d'une belle céramique lisse est bien plus agréable pour cela que les cornes de bovidés qu'ils utilisent, et qui ne sont pas du tout stable sur une table. Grâce à mon père, j'eu finalement gain de cause et pu montrer quelques expéditions afin de ramener de la céramique vers le Nord. Mon succès commercial auprès des grecs fut évident, mais j'eu beaucoup plus de mal que je ne le croyais à convaincre les Barbares d'acheter des coupes et des oenochoé de terre vernissée. L'un deux, voulant tester la solidité de ma marchandise, projeta une élégante coupe à figure noire (car telle était encore la mode) au sol ! Voyant l'objet se briser, il haussa les épaules et se détourna. J'en aurais pleuré, tellement j'était démuni et mortifié. Aujourd'hui je ris de la naïveté dont je fis preuve alors : comment ne me suis-je pas aperçus qu'ils n'avaient nul besoin de service à boire au décors discret et sobre, décoré de figures qui ne leur rappelaient en rien leur environnement et leurs mœurs ? Lorsque j'eu saisis leurs attentes, il me fut bien plus facile d'écouler mes produits auprès d'eux, et même de commander une production auprès de mon fournisseur tout spécialement décorée à leur effet, avec des monstres animaux, des combats de centaure et de griffons, des amazones vêtues à la scythe, des volutes, des monstres enfin...

    Une fois ma fortune assurée par un négoce florissant, je rentrai à Massalia, où le scandale s'était tassé, et où je trouvais le confort qui m'avait manqué chez les Barbares... Je n'abandonnai pas pour autant mon commerce, au contraire ! Je le fis fructifier encore et encore, tissant des liens avec des commerçants barbares ou de riches gaulois avides de marques de richesse apportant dans leurs rustiques demeures des marques de civilisations qui devaient leur paraître exotiques... De retour chez moi, je repris mes habitudes indolentes, mais elles furent moins sauvages, la respectabilité m'ayant ôté mes appétits de jeune faune déluré séduisant les filles libres et entraînant mes amis dans des nuits de débauches orgiaques. Mon père jugeait qu'il était temps de me marier afin que je m'assagisse définitivement, et que j'assure la perpétuité de sa maison. Moi, je n'était point trop pressé, aussi les choses ont-elles traînées quelques années encore. Mes sœurs étaient toutes épouses et mère, où bien allaient-elles bientôt conclure leur hyménée, et je n'ai rien à rajouter sur ce sujet. Pour ce que j'en sais, cela fut toujours un succès dont mon père n'eut pas à se plaindre. Finalement, las d'attendre, le père de la fiancée commença à se fâcher et à remuer mes exploits passés, argumentant qu'un débauché tel que moi était bien bon de faire la fine bouche maintenant, que je n'étais pas si difficile jadis, etc... Aussi ai-je jugé bon de prendre la mer afin de m'éloigner un peu de cet encombrant beau-père, pas encore lié à nous et déjà si pénible. Et puis, un père pressé de se débarrasser de sa progéniture m'a toujours paru suspect, je sais d'expérience qu'on ne cherche pas à éloigner un enfant dont la présence vous comble de satisfaction ! J'ai navigué et voyagé dans toute la méditerranée, tissant des liens dans presque chaque port, chaque lieux de relâches. J'ai vu les rivages dévastés d'Illion, et l'île où l'épouse fidèle attendit vingt ans le retour du guerrier ralentis par la colère de Poséidon. J'ai vu jouer dans les vagues les dauphins, compagnons de route infortunés de Dionysos, à qui l'équipage jetaient des pièces de monnaie et de la nourriture pour payer notre passage. Heureusement, je n'ai jamais eut à essuyer les colères des vents et de Poséidon. Oh, la mer est fort belle et bonne, mais on ne peut en dire autant de tout les marins et de tout les navires. Souvent frustes ou puant la saumure, sans aucune élévation de l'esprit, les doigts et la peau rongés de sel et de soleil...

    Fort heureusement pour moi, j'appris lors d'un retour à Massalia par mon père que la fiancée était morte d'une fièvre maligne, et qu'il avait rompu tout liens avec le père qui avait tenté de lui donner une si piètre progéniture pour bru. A partir de ce jour, je réussi à convaincre mon père de me laisser organiser mes noces avec la famille qu'il me chanterais, et que mes accords commerciaux pourraient ne pas recouper les siens, aussi mieux valait pour nous qu'il ne se mêle plus de nouer pour moi des accords et des fiançailles. J'ai fini d'ailleurs par me trouver une épouse dans la fille d'un commerçant avec qui je traitais beaucoup, à Neapolis, une ville absolument charmante dans le sud de la péninsule italiote. Là aussi, il y a des tas de gens aux mœurs et à la langue bien étrange, mais physiquement ils sont moins étranges que les peuples au Nord de Massalia. Ma femme était une petite personne timide, à la personnalité peu marquante, discrète, s'occupant de ses affaires, fréquentant ses amies... Nos chemins se croisaient peu. Nous avons eu des enfants, et leurs descendance vit toujours, mais en une autre cité, et n'a que peu de rapport avec notre histoire.

    Je te passerai la description de mon succès grandissant. J'ai peiné au début, mais une fois acquis le don de comprendre ce qui plait aux gens, celui-ci ne m'a jamais quitté. J'ai noués des liens étroits avec des potiers, dont je favorisait l'atelier et les créations en échange de l'exclusivité sur leurs créations. C'est ainsi que les céramiques à figures noire que je proposaient étaient parmi les plus belles, et que je fus très vite en mesure de proposer la nouveauté de la céramique à figures rouges, aux personnages plus fluides, moins hiératiques, plus humains. Parallèlement à mon succès commerçant, je me suis aussi décidé à acheter une respectabilité de propriétaire terrien, confiant aux régisseurs serviles le soin de gérer des domaines dans lesquels je passais bien peu de temps. Les festivités, cérémonies, concerts et représentations théatrales, tout ces événements mondains étaient pour moi l'occasion de me fondre de plus en plus dans la bonne société, dans l'aristocratie cultivée, dans le terrain de chasse de mon "Sire". J'avais alors 37 ans

    Je n'ai jamais rencontré de sirène lors de mes voyages sur la mer, ni entrevus la course d'un satyre après une ou deux bergères. Mais la nuit n'est pas vide d'habitants et de monstres. Parmi ceux-ci, des êtres à l'apparence de dieux élégants et beau, puissant et sage, mais qui ne peuvent jamais sortir de l'ombre qui les abrite à jamais et qui ne peuvent toucher à aucune nourriture ni boisson, excepté le nectar qui coule des plaies des guerriers et des hommes. Un médecin expliquerais peut-être ce mal par un déséquilibre des humeurs qui force ces êtres à se nourrir du sang qui manque trop à leurs chairs. Un poète expliquerais peut-être que lorsque la Nuit et les Ténèbres enfantèrent Eros, puis Gaia et Ouranos, ils enfantèrent aussi une engeance terrible qui ne peut quitter leur sein protecteur, et qui, avide et jaloux, se nourris à la gorge des créatures qu'ils ne peuvent qu'envier. Un prêtre s'écrierait avec horreur que c'est là le véritable châtiment des hommes impies : une vomissure de l'Hadès qui traque les êtres dans leur sommeil afin de leur ravir leurs forces. Eux-même ont bien des légendes et des histoires concernant la raison de leur existence. L'une d'elle par exemple explique qu'un frère jaloux du sacrifice offert par son cadet le sacrifia ignominieusement aux dieux, offrant en holocauste les chairs du fils de son père, et faisant des libations du sang du fils de sa mère. Le courroux des dieux face à ce sacrifice impie fut sans pareil, et Zeus condamna la descendance de l'impie à être rongé d'une soif terrible de sang et de chair. D'autres pensent être les rejetons des terribles Erynies, engendrés par les furies vengeresses, assoiffés pareillement de sang. Mais ce sont là des explications qui les affectent autant que nous sommes affectés par les contes concernant nos propres origines. Ce ne sont que des mythes.

    Mon étreinte
    Contrairement à certains de mes frères de sang, ce ne sont pas mes éblouissantes qualités qui ont attiré l'attention de mon sire sur moi. Cela sera peu flatteur, mais peu m'importe, je ne rougis pas à le dire : c'est l'intendant de mon Sire qui m'a repéré le premier. Il a cru que je deviendrais peut-être l'un des servants obéissants de la maisonnée de Lucien, comme lui. Et que peut-être, tremblant d'inquiétude je chercherais réconfort entre ses bras, et qu'auprès de lui je chercherais l'enseignement sur le monde nocturne qui se dévoilait soudain à moi. Quelle erreur ce fut ! Lucien ? Oui, voici le nom de l'être qui m'a donné... la nuit. Ironique n'est-ce pas, que de s'appeler Lumière, et d'être condamné à ne plus jamais contemplé l'aurore aux doigts de roses. A peine plus agé qu'un adolescent en apparence, la douceur de l'éphèbe, de long membres gracieux et des cheveux sombre et bouclés noués en tresses autour de sa tête. Des lèvre pleines, des yeux de biches, une peau d'albâtre blanche et lumineuse, voici quel est le visage de cet enfant des muses. Orphée ne devait pas chanter plus doucement, et sa lyre ne devait pas posséder d'accord plus subtil ni si plaintif et envoutant. Ajoute à cela un esprit des plus vifs, un sens de la répartie et del'art d'improviser des'élégies de toute grâce... En somme, un être accomplis qui brillait dans les banquets et aux occasions mondaines. Un véritable bijou de perfection.

    Lorsque son intendant lui eut longuement parlé de moi et de mon talent à dénicher la production intéressante, mon sire c'est interressé à moi plus avant. Et contrairement aux espoirs imbécile de sa goule, il a vu en moi bien plus que l'intérêt matériel et immédiat que je pouvait avoir. Malgré que je ne sois plus un éphèbe, je suis resté agréable à regardé. Ma silhouette ne s'est point trop empâtée, et quand à la barbe, j'en arborait un mince collier soulignant agréablement le galbe de mes mâchoires. Je n'ai pas non plus négligé ma culture, et à force de courir les événements mondains, comédie ou lecture de vers, celle-ci ne s'était pas étiolée, loin de là. Tu rougis, honteux de ce que tu apprend ? Et oui, j'ai séduit mon Sire, comme l'éphèbe séduit l'homme mur qui le prend sous sa protection. Bien sur, à l'époque je ne remarquai rien d'anormal dans l'amitié que me portait cet étrange jeune homme. Je cru même qu'il recherchait auprès de moi compagnie et sagesse, trompé que je fus par son apparente jeunesse ! L'être que je suis lui plu suffisamment pour qu'il se décide à m'offrir le don du Sang. Après m'avoir donné celui-ci, il prit soin d'organiser mon départ de Néapolis sous le prétexte d'affaires à conclure. Je n'y suis jamais retourné, c'était il y a plus de quinze années de cela. Quant à ma famille, elle m'a suivit quelque temps, puis je l'ai renvoyé dans le domaine de Neapolis, car je ne voulais la liée à mon sort sanguinaire, et il m'étais trop pénible de continuer à embrumer leur esprit pour qu'ils ne me pose aucune question quant à mes nouvelles mœurs. J'ai pris soin de confier à l'un de mes serviteurs de confiance le tutorat de mes garçons, le temps qu'ils deviennent assez âgés pour prendre en charge la maisonnée. Je regrette de ne pouvoir surveiller activement la vie des miens et leurs affaires, mais ma sécurité en dépend, car je ne puis révéler quoi que ce soit sur ma nature à ceux qui ne partagent pas ma vie. Je me suis alors installé à Tarente, dans le sud de la péninsule, où mon Sire avait également ses habitudes, et d'où je pouvais surveiller d'un œil ma maison, tout en étant suffisamment discret pour que mes proches ne s'aperçoivent de ma nature nouvelle.

    Dans ma nouvelle demeure, je poursuivais mes activités marchandes, avec de nouveaux avantages et de nouveaux handicaps : ma vision nouvelle des attentes et des désirs des gens me permettaient de mieux satisfaire mes clients et mon éloquence persuasive faisait des merveilles, mais l'impossibilité de me déplacer le jour et de rencontrer des négociants me forçait à déployer des trésors d'ingéniosité afin de ne point perdre ma prédominance sur le marché. Ainsi, j'ai misé énormément sur des "ambassadeurs" de mes produits, à qui je faisait un prix d'amis à condition qu'ils usent de mes céramiques autant que possible. Lors des jeux en l'honneur des dieux, j'ai fait offrir des vases richement ornées aux trésors des sanctuaires, espérant que la richesse de l'offrande rachète le caractère quelque peu matériel de celle-ci... Mon Sire aussi me fut d'une aide précieuse, me faisant bénéficier de son réseaux de connaissances, mortelles et immortelles. J'ai aussi du beaucoup me reposer sur des serviteurs de confiance pour négocier mes affaires en journée. Mais nous autres, Lamies, avons des moyens sûrs de nous attacher nos serviteurs, que tu ne peut même pas imaginer.

    Quand je ne suis pas occupé à gérer mes affaires, je savourai les bienfaits de la nuit : la fraîcheur de l'air embaumé du parfum des laurier-roses, le calme des ruelles, la solennité des sanctuaires où les pèlerins viennent dormir en toute quiétude... Ou alors je me plonge dans l'animation des banquets mâles en compagnie de Lucien, me nourrissant de l'animation odorante de ceux-ci, puisque la nourriture et la boisson me sont désormais plaisir refusés, tout comme les plaisirs de la chair souple, moite et chaude en laquelle s'enfoncer... Ah tu t'empourpre, je le sens : ta joue irradie de chaleur !

    Tu l'as compris, je suis bien plus puissant maintenant que je ne l'étais avant de rejoindre les Ombres. Ma vision et mon ouie se sont faits bien plus affûtées, et cela n'est qu'un exemple... Et je ne suis qu'un faible buveur de sang, qui ne bénéficie que de bien peu des Dons. Ainsi, mon Sire est capable de se déplacer avec une vitesse et une précision bien supérieur à celle des mortels, chose qui m'est impossible de faire. Certains des nôtre peuvent faire ployer la volonté d'un ennemi par leur seul esprit, et l'on parle de sorciers qui usent de leur talents pour se transformer eux-même en fauves, et vont, silencieux et invisibles, par les montagnes...

    Mon arrivée à Athènes
    Le réseau des immortels est bien plus étroitement tissé que je ne l'avais cru. Mon Sire avait des obligations envers un être de sa race bien plus ancien et plus puissant que lui. Afin de s'acquitter de sa dette, il choisi de m'envoyer à lui. J'eu une escorte affectée à ma personne, afin de ne pas me perdre dans les coutumes et les méandres de la cité : son intendant en personne ! Ce petit personnage bouffi de rage et de jalousie avait réussi à cacher à son maître le peu d'affection qu'il nourrissait envers moi et projetait de se venger de l'affront imaginaire que je lui avait fait subir en bénéficiant du sang de son maître d'une façon qui lui était interdite. Je compris cela en saisissant ses sentiments et ses pensées au fil de mon voyage. Aussi, je ne fut pas surpris lorsqu'il tenta de me trahir et trahit la confiance de son maître. Après sa vaine tentative pour se débarrasser de moi, il disparut dans la foule qui débarquait au Pirée, et j'ignorait tout de ce qu'il était devenu, jusqu'à ce que tu croise ma route. Pauvre de toi, il ne t'as pas prévenu de ce que tu allais affronter, et maintenant tu te retrouve fort démuni, tes muscles et ton poignard ne te servent à rien, car tu as oublié de frapper au cœur, comme on te l'avait recommandé. Ou bien ne sais-tu pas où se situe le cœur d'un homme ?

    Sans le soutient du serviteur qui m'avais été affecté, je fus quelque peu déboussolé en cette cité, et il ne me fus guère facile de trouver un refuge sur et la compagnie de mes pairs. Ce fut eux qui me trouvèrent les premiers et qui me conduisirent jusqu'à l'homme auquel mon sire m'avait envoyé pour servir ses desseins. J'appris alors qu'une guerre sournoise couvait entre la cité d'Athènes et celle de Sparte, aux mains d'une autre faction, et que mon concours était requis dans l'éternelle bataille de ces deux rivales. Mon concours, rien de moins ! Mais les affaires politiques des immortels qui hantent les rues du Pirée ne concernent pas un spadassin tel que toi. Tu n'es qu'un minable mortel qui tremble face à la confiance que j'affiche et qui se demande quel force me donne une telle confiance en moi. Aussi tu n'es vraiment pas capable de comprendre quoi que ce soit à nos machinations politiques, toi qui n'a même jamais été voter, car tu n'es pas citoyen, n'est-ce pas ? Je vais donc te parler de choses à la portée de ton esprit.

    A Athènes, je me suis installé dans une petite demeure toute blanche, ombragée par la vigne qui court le long de la façade, et dont les grappes odorantes font le bonheur des oiseaux, et de mes serviteurs. Je me suis vite procuré des esclaves solides et intelligents, sur lesquels me reposer en ce qui concerne la gestion de mes affaires. Un secrétaire qui pourrait gérer mes affaires commerciale me manqua cruellement jusqu'à ce que je fasse venir mon vieil intendant personnel de Tarente. Et pour prendre soin de moi, j'ai pris soin de me fournir en jeunes filles serviles soigneuses et adroites à filer le lin et la laine et à toujours prendre soin de mon foyer. En ce jour, je profite de ma situation pour continuer mon commerce et me faire une place en cette cité ô combien florissante. Si d'aventure ma route croisait la sienne, nul doute que je me paierais en cris et en douleurs sur ce serpent jaloux d'intendant ! Mais jusqu'à présent, je n'ai pas chercher activement à le retrouver et à m'en venger. Ce fut une erreur que de sous-estimer sa haine brûlante. Les dieux savent auprès de qui il a pu chercher refuge, et quel être ou quel institution il est en train de dresser contre moi ? Il est temps de sortir de mon apathie... Heureusement je ne suis pas dépourvu de dons, ni de protecteurs où d'amis de quelque puissance, mais il serait humiliant de devoir faire appel à eux pour me débarrasser d'un moustique gênant, un misérable vieillard perfide et jaloux.

    Niobé
    Il existe en cette cité un être pour qui mon cœur s'anime, et qui me fasse perdre de ma réserve. Belle, désirable et provocante, elle fréquente les banquet et les fêtes que donnent les hommes, sans la moindre vergogne. Femme douée, elle ensorcelle son auditoire de sa voix chaude teintée de miel. Ses cheveux châtain sombre et sa peau ont l'odeur et le goût du miel et du lait, et enfoncer son visage dans la masse de sa chevelure, se laisser bercer par le rythme apaisé de sa respiration, doit constituer un avant-goût des Champs-Élysées, dont ma condition me tient éternellement éloigné.

    J'ai découvert Niobé, car tel est son nom, lors d'un banquet donné par l'un de mes amis résidant en cette cité. Innombrables sont les femmes que j'ai croisées, silhouettes fagotées de tissus qui se hâtent à leur occupations ou bien se traînent languissamment en aguichant les regards. De bien fades créatures, comparées à Niobé, qui, la chevelure dénouée, jouait de la double flûte en ondulant de la plus provocante des façons, s'approchant des banqueteurs allongés et se dérobant à leur caresses trop entreprenantes. Une Hetaire qui se produit dans les fêtes, déclamant des poésies, jouant, courtisant, dansant... Au fil de nos rencontre, j'en suis venu à de moins en moins supporter ses activités nocturnes, à être jaloux d'elle, à ne plus supporter que les courbes de sa chair soient jeter en pâture à des buveurs ivres et pédérastes qui se tripotent entre eux tout en détaillant d'un œil vaguement intéressé les charmes féminins qui s'offrent à eux trop généreusement à mon goût. J'en suis venu aussi à trembler pour elle, lorsque ses courses l'entraînent à travers la cité, qu'elle traverse trop tard dans son manteau de femme pour qu'on puisse la prendre pour une athénienne à la réputation honorable... Pire encore sont les nuits où elle ne rentre pas du tout dans sa demeure, et où la jalousie brûlante le dispute à l'inquiétude glacée... Je ne désire rien plus ardemment que la lier à moi et en faire un membre de ma maisonnée, mais elle se rit de moi et me reproche ma jalousie de vieux barbon, avec une audace qui me laisse confondu. Aussi je me contente de lui offrir des bijoux somptueux qu'elle ne porte que trop rarement, n'ayant que peu d'occasion de se faire belle et respectable. Je lui paie du vin, des vêtements, de la musique, des parfums précieux... Et je savoure l'aiguillon douloureux que la Jalousie plante en mes chairs chaque fois que son regard croise un autre que le mien...



    Voilà quel est aujourd'hui l'existence que je mène. J'ai quitté ma ville natale pour fuir un mariage qui ne me convenait pas, armé d'un métier de négociant de céramique que les circonstances m'ont enseignés. Par la force des choses, j'ai renoncé à mon amour des voyages, mais ce n'est que provisoirement, je l'espère : il y a encore des terres à l'Ouest où vivent dit-on les descendants des Amazones farouches qu'Héraclès avait capturé dans lesquelles j'aimerais voyager un jour. J'ai trouvé refuge et épouse à Neapolis, où ma famille doit toujours prospérer, ainsi que leurs lettres, de plus en plus rares, me l'apprennent. J'ai rencontré un jouvenceau à la beauté troublante, qui me lia à lui et à sa maisonnée en renversant toutes les conventions... Il m'a envoyé m'installer à Tarente, où j'ai continuer de faire prospérer mes affaires tout en recevant sa visite de temps à autre. J'ai aussi gagné la haine d'un vieillard imbécile qui aujourd'hui me poursuit de sa vindicte tenace et cherche à me perdre en cette cité d'Athènes où je vis discrètement, afin de satisfaire les puissants auprès desquels Lucien était débiteur... Et pour la première fois, je suis amoureux d'une femme, sentiment extravagant qui n'a d'égal que l'extravagance de mon amie. Je me nourris de sa vie, et je jalouse les vivants qu'elle croise. Je tremble de la voir si fragile et si téméraire à la fois, ne craignant rien de créatures prodigieuses dont elle ignore tout. Quand aux mortels, je m'en nourris mais sans abus, ne faisant que rarement de festins sanglants, car la vie, si elle est abordable, a tout de même un prix fort élevé... Et puis, à dire vrai, je ne suis pas plus capable de tuer sadiquement que je ne l'étais de mon vivant, et seul l'aiguillon de la faim ou de la gourmandise pourrait m'y contraindre.

    Je t'ai dit que nous ne pouvions plus nous enivrer de mets délicats ou de boissons entêtantes, qui se changent tout de suite en cendre dans nos ventres, et que les plaisirs érotiques ne nous concernent plus. Mais si les plaisirs de Pan nous sont refusés, nous ne sommes pas pour autant dépourvu de toute forme d'extase, et serrer sa proie contre un matelas souple, sentir sous ses lèvres la douceur d'une peau imberbe, son goût de sel, la résistance du cuir qui cède sous la morsure et le bref cabrement de sa victime, avant le relâchement des muscles témoignant de l'extase l'envahissant... Puis le rugissement du sang qui se déverse dans ses veines, la chaleur qui irradie le corps froid, retrouvant la chaleur de la vie volée... Tout cela, ce sont des extases, des plaisirs, qui ne peuvent être décrit, que tu ne peux comprendre... Cesse maintenant de te débattre, tu vois combien ma poigne est forte, et que mon étreinte est étroite.
    Croyais-tu réellement me voir quitter cette pièce après les innombrables confidences dont je t'abreuvai ?


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  • C'est l'histoire d'un petit garçon venu au monde et qui ne savait pas rire.

    Il n'avait jamais rit à rien, ni aux chatouilles de sa mère, ni auxcouleurs neuves du printemps, ni au vent qui fait tomber les chapeau, ni au champt des oiseau, ni aux blagues et aux rires. Il se contentait de poser sur le monde un regard sage et quelque peu indulgent. Il faisait même peur à son père, avec son regard de juge.  Les enfants de son age le traitait de korrigan, un esprit vieux dans un corps jeune.

    Mais il avait bon coeur tout de même. Chaque automne, il faisait le tour des champs et des chemins pour ramasser les oiseaux engourdis de froid et les ramener chez lui, dans une cage. Et là, il les regardait chanter, en ne les libérant jamais, pour les mettre à l'abris des dangers du monde. Il ne pensait pas à la liberté des oiseaux. Il faut savoir rire pour cela...

    Un jour, partie en ville, sa mère eut envie de ramener des bonbon pour son fils...  Mais elle n'osait pas, les aurait il seulement mangé ?
    Alors elle entendi une voix : "ce qui faut à votre fils, Marie Jeanne, c'est un grain de folie".  Derrièe la mère, se tenait une vendeuse ambulante, qui lui tendit une graine comme une noisette séchée...  "Tenez, attachez là à son cou avec un ruban" et sur ce, la vendeuse disparu. N'importe qui se serait effrayé, ou du moins aurait été étonné, mais pas marie jeanne...  Après tout, ce n'est ni vous ni moi qui avons un fils qui ne sais pas rire...

    De retour chez elle, elle attache le grain de folie au cou de son fils... et c'est un émerveillement ! Soudain l'enfant s'éclaire, il rit, il fait mille folie, joue avec le chat ! Il libère son oiseau et part en courant dans les champs rejoindre les enfants de son age, il se fait plein d'amis et joue jusqu'au soir. Alors, il rentre, fourbu et heureux, par les chemins de campagne. Et devant sa porte, il trouve son oiseau, raidi de froid.

    Il n'était plus sage mais avait toujours bon coeur, et prend l'oiseau qu'il glisse contre sa poitrine pour le réchauffé
     L'oiseau ranimé mange la graine qui pend au cou de l'enfant...

    Et là...

    L'enfant perd le rire. Il devient sourd à tout...  L'oiseau cesse de chanter, et de lui même rentre dans sa cage, et ne fait plus rien. Car la folie des hommes, c'est la sagesse des oiseau, et lorsqu'ils deviennent sage les oiseaux cessent d'être libre. L'oiseau et l'enfant ont passé un long moment à se regarder, l'enfant qui ne savait plus rire - l'oiseau qui ne savait plus voler.

    Ils avaient su, pourtant.

    Quand la mère rentra chez elle, elles les trouva mort. Tout deux.


     mon histoire est finie.


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  • All around me are familiar faces
    Worn out places, worn out faces
    Bright and early for their daily races
    Going nowhere, going nowhere
    Their tears are filling up their glasses
    No expression, no expression
    Hide my head I want to drown my sorrow
    No tomorrow, no tomorrow

    And I find it kind of funny
    I find it kind of sad
    The dreams in which I'm dying
    Are the best I've ever had
    I find it hard to tell you
    I find it hard to take
    When people run in circles
    It's a very, very mad world mad world

    Children waiting for the day they feel good
    Happy Birthday, Happy Birthday
    Made to feel the way that every child should
    Sit and listen, sit and listen
    Went to school and I was very nervous
    No one knew me, no one knew me
    Hello teacher tell me what's my lesson
    Look right through me, look right through me

    And I find it kind of funny
    I find it kind of sad
    The dreams in which I'm dying
    Are the best I've ever had
    I find it hard to tell you
    I find it hard to take
    When people run in circles
    It's a very, very mad world ... world
    Enlarging your world
    Mad world

    Gary Jules, Générique Donnie Darko

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