• - Ma fille, Dieu a un plan pour toi ! »

    Marilyn marche vite et ses talons claquent sur le bitume avec un petit son arrogant.

    Elle sourit, tout en murmurant dans la nuit
      « Dieu a un plan pour toi ! ».

    Et nul souffle ne s'échappe de ses lèvres froides et rouges comme le fruit défendu que le Tentateur, l'Adversaire tendit à Eve...

    Impossible de se rappeler du visage de la femme qui lui avait dit cela. Sans doute était-ce l'une de ces femmes de foyer moyen dans lesquels elle se retrouvait ballottée, son enfance durant, pour cause de folie de sa propre mère. Le genre d'endroit qu'elle avait passé sa vie à fuir, par tous les moyens

    - Ma fille, Dieu a un plan pour toi ! »

    Curieux tout de même comme la vie vous rattrape.
    Elle avait tout fait pour se créer un destin, poser nue pour des calendriers, changer de coupe, de couleur, de démarche, changer de vie, changer de nom, se forgeant un corps et une identité nouvelle, devenant un symbole de luxure et de volupté pour faire rêver des milliers de gens...
    Et être enterrée sous un carré de pierre grise dans un cimetière aux allures de jardin

    La femme blonde sourit et passe une langue sur ses lèvres pulpeuses. Quelle chance tout de même ! Quelle chance que d'incarner le destin de Dieu. Et quelle chance que cette condition lui ai permis d'accéder à tout le luxe de ce nouveau siècle !

    Un noctambule sortant d'un parking se retourne sur elle, son regard s'attarde sur la blonde qui s'éloigne de lui. Qui s'éloigne sans un regard même pour l'homme, trop minable à son goût. Mais en accentuant tout de même le balancement de ses hanches, histoire de faire regretter à cet animal tout ce qu'elle a et ne lui offrirait pas.
    Car désormais elle n'avait plus rien à offrir que le désespoir, le regret, la folie de la chair, et tout le plaisir serait pour elle, et uniquement pour elle.

    D'une main impeccablement manucurée, Marilyn redessine les courbes de son corps voluptueux. Finalement, les plans de Dieu et les siens avaient assez bien concordés. Coincée en ce monde et sous cette apparence délicieuse, incarnation de la luxure, des appétits monstrueux lui rongent le cœur et d'étranges accès de folie illuminent son regard... Elle est

    la Tentatrice</personname />, l'Adversaire, Shaitan. Et c'est bon.



    Elle l'a encore prouvé la veille, après avoir mis fin à une longue et torride liaison, son amant mortel ayant perdu toute saveur à ses yeux, maintenant que la fièvre le rongeait et qu'il était recherché pour trafic de stupéfiant, kidnapping, séquestration et meurtres. Il a bien tenté de s'opposer à cela, mais après avoir compris que vider son chargeur sur la belle ne rimait à rien, il s'est fait sauter la cervelle, où ce qu'il lui en restait. Désespoir, trahison, tromperie, maladie, aucune rémission de ses péchés... La perte d'une âme valait bien celle d'un chemisier, et puis, il y a tellement de moyen de tromper et d'égarer les mortels sur les voies sombres qui sont les siennes, jouer la comédie, prétendre à une lâche agression pour se repaître de l'innocent venu à son aide. Jouer la comédie, c'est si facile...

    - Dieu a un plan pour toi ! »

    Alors, tête renversée en arrière, face au ciel, les bras en croix, elle éclate de rire, un rire de jeune fille ivre de joie de vivre et de profiter de sa jeunesse ingénue

    Mais sa jeunesse est vieille et le désespoir est sa nature, et elle accompli le plan de Dieu avec toute la spontanéité ingénue qu'on lui a toujours connue. Mais il n'y a nul mérite à cela, vu qu'il y a tant de plaisir à en retirer.



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  • Devant les néons de la boites, une silhouette emitouflée dans un manteau en mouton retourné faisait les cent pas, depuis un bon moment déjà. Malgrés l'heure tardive, il s'obstinait à garder sur le nez de gros carreau teinté façon polnareff. D'ailleurs, question look, ça aurait pu être Polnareff : outre le manteau, un petit chapeau de feutre enfoncé profondément sur son front, un pantalon moulant et patte d'eph' à la fois... L'ensemble pouvait faire rétro et vintage, il faisait surtout bizarre. Un je ne sais quoi qui détonnait, déreangeait, et qui attirait sur lui l'attention du videur.
    Le scintillement des néons et le froid piquant n'arrivent pas à motiver l'homme à rentrer dans la chaleur de la boite. C'est qu'il la connait bien, malgrés ce qu'en pense les deux trois mecs qui discutent avec le videurs, tout en lui jetant quelques coups d'oeil. Il la connait bien, cette putain de boite. Sauf réfection majeure de l'architercture, il pourrait s'y balader les yeux fermé sans se planter. Mais là, il hésite, il ose pas trop... Les souvenirs qui affluent, la peur de sauter la pas, à nouveau... Il voulait juste passer une soirée cool, et c'est pas trop le tour que ça prend...

    Salut mec, t'es perdu ? P'têtre que tu cherche quelque chose ?

    Allons bon, voila autre chose. L'homme invisible se tourne lentement dans la direction de la voix, gogenarde, pour dévisager l'homme, la trentaine souriante et boby buldée, qui le toise. Il jauge vite l'individu, l'individu le jauge vite. le contraire l'aurait surpris. Tout comme ce qu'il devinne des pensées du beau gosse ne le surprend pas.

    Alors, mec, tu as perdu ton dealer ? T'as un joint qu'a sauté, tu va prendre froid ici, qu'est-ce que tu fout loins de ta bouche de métro ?

    Ah bon ? Alors comme ça il a l'air d'un clodo junkie qu'à perdu la boule ? Y a des choses dont on se doute mais qui font pas plaisir à entendre... Il aurait préféré entendre "un itinérant" ou "un nomade" comme certains appelle les SDF. Mais c'est quoi ce ton condescendant ? Bordel, ce morveau se touchait encore devant des photo de footballeur que lui, il tutoyait tout le monde dans la boite ! Ou presque. Le sosie de Polnareff est blessé, il se sent à la masse, en dehors du coup, de trop, plus dans son monde, et de surcroit un jeune con... bien gaulé ma fois... Un jeune con viens le lui mettre sous le nez !

    - En fait... j'étais venu ici confronter la réalité à certains d'mes souv'nirs...

    - Comment ? putain, mais faut se calmer sur la clope, hein, d'ici deux paquet, on te comprendra plus du tout, p'tit père...

    - "petit père" hein ?

    "Polnareff" voulait retrouver les lieux qu'ils fréquentait jadis, et voir si éventuellement, il pouvait encore oser y remettre les pieds, moyennant un bon cache-nez... Mais un jeune blanc-bec l'avait dissuadé de poursuivre plus loin ses reveries. Il fallait se rendre à l'évidence, faudrait prendre son plaisir autrement qu'en mattant les minets dans les bars enfumés de la communauté et en draguant le mec de passage tout en se foutant de l'hétéro égaré là par hazard ou curiosité malsaine... Dommage pour ce mec qu'il ait pas compris plus vite que parfois, vallait mieux pas ouvrir sa grande gueule... Maintenant, il aurait du mal à la fermer...

    D'une main maigre, polnareff hôte ses lunettes et cligne des yeux dans la neige froide qui cingle le ciel de Montreal, et les jette dans une poubelle. Elles étaient ridicules, ces lunettes, il les avait choisi parce qu'elle étaient les plus couvrante possible, et ça lui a bien servit... pour ménager l'effet de surprise au minet... Finalement, il était pas si balaise, surtout qu'il savait pas gérer ses émotions. Enfin, Kioudé va pas lui jeter la pierre, vu que lui non plus, il a jamais trop aimé contrôller ses émotions. Quand on se bride, on sait plus prendre son pied à rien...


    Ici radio Montréal, en direct de St Paul Est, où nous retrouvons notre correspondante...

    C'est vers 5 h 30 que la gardienne de l'immeuble a découvert sous l'escalier le corps sans vie d'un jeune homme de race blanche, agée d'envirron 25 ou 30 ans.... La police se refuse à tout commentaire à l'heure actuelle, et l'identité...

    D'un geste rapide, Kioudé coupe la radio et soupire. Il savait qu'il aurait du jeter le corps dans le Saint Laurent, on l'aurait retrouvé au dégel, et il n'en aurait plus jamais entendu parlé. Maintenant, on ne parlera que de cela jusqu'au prochain accident affreux qui occupera la conscience des badeaux... Il regrette pas vraiment son geste, Kioudé, mais bon, il est pas non plus fier d'avoir tabasser un chum jusqu'à ce qu'il crève. Tant qu'à faire, il aurait préféré passer un petit peu de bon temps d'abbord, mais le cheum avait pas l'air partant... Faudrait vraiment trouver quelque chose pour arriver à tirer un coup de sang aux mome sans les tuer de peur d'abord...  

    Et aussi arranger un peu son physique, parce que vraiment, c'est plus possible, cette gueule immonde, cette peau plus parcourues de taches et de pustules que celle d'un crapeau où d'une vieille en fin de vie. Faut trouver quelque chose pour s'améliorer un peu, parce que, merde, c'est pas parce qu'il est mort maintenant qu'il va accepter de ressembler au bâtard d'un figurant de la momie et d'un des zombies de dawn of the dead....  </span />


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  • La salle est comble ce soir. Les sièges ont été réservé de longues nuits à l'avance, et même les derniers rangs des balcons sont occupés. Si on compte les angelos de stucs et les muses pâmées, le public triple ou quadruple. Mais alors que ceux-ci sont mi-nu, pudiquement recouvert d'un heureux drapé doré, ceux-là sont soigneusement, élégament, emitouflés de chaud atours, et le rouge et le bleu ne suffisent pas à donner aux joues les couleurs de la vie. Il fait froid, et les respirations d'une salle comble ne suffisent à réchauffer l'atmosphère.

    Sur scène, une cantatrice exale les roucoulades d'un air de Mozart, interpreté de façon extrêmement classique, sans prendre le moindre risque... Le public est content. Chacun songe en son for intérieur au jeune jomme qui écrivit ses notes éblouissantes et qui mourrut dans un tel dénuement... On est bien peu de chose, mais tout de même, quelle triste fin pour un si brillant génie, et quel domage que ses contemporains ne lui aient pas offert un peu plus... S'il avait vécu à notre époque... L'orchestre reprend l'air, cuivres rutilant, vent, violon, un moment hors du temps pour un public endormis.

    Dans les locaux administratifs, le directeur peine, la peur au ventre, devant l'écran froid et tremblotant de son PC un fichier déjà bien remplis. Il faut rentabiliser, rentabiliser, les crédits sont si maigres, si maigres, déjà ils ont du rogner sur le chauffage de la salle, la note était trop élevée. les gens se plaignent un peu, bien sur, mais comment faire autrement? Les crédits sont si maigres et si peu d'argent rentre dans les caisses... Et le directeur, qui a congédié son comptable de longues heures plus tot, n'en fini plus de retourner ses comptes dans tout les sens. Peut importe, il n'arrive pas à rentrer dans ses frais, il n'arrive pas à rentabiliser son établissement, il n'y arrive tout simplement pas.

    Sous le ciel gris, s'éloigne un jeune homme, à peine un adulte. Sous son bras, il serre des partitions, qu'il aurait tant voulu entendre jouer dans une salle digne de ce nom... Il n'est pourtant pas un inconnu, il s'est déjà fait un nom dans le milieu des amateurs de musique classique... Seulement, il n'y a plus de crédit, et on ne peut plus prendre de risque. A peine un adulte, et déjà tellement d'amertume et d'illusions brisées. Mozart vit toujours à notre époque, et il s'éloigne sous la pluie...

    Ce texte est une fiction de mon invention. Toute similitude avec des personnes réelles relève de la pure coincidence. Na.


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  • C'est vrai qu'ils sont plaisants, tous ces petits villages,
    Tous ces bourgs, ces hameaux, ces lieux-dits, ces cités
    Avec leurs châteaux-forts, leurs églises, leurs plages,
    Ils n'ont qu'un seul point faible, et c'est d'être habités,
    Et c'est d'être habités par des gens qui regardent
    Le reste avec mépris du haut de leurs remparts,
    La race des chauvins des porteurs de cocardes,
    Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part,
    Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part.

    Maudits soient ces enfants de leur mère patrie
    Empalés une fois pour tout's sur leur clocher,
    Qui vous montrent leurs tours, leurs musées, leur mairie,
    Vous font voir du pays natal jusqu'à loucher.
    Qu'ils sortent de Paris ou de Rome ou de Sète
    Ou du Diable Vauvert ou bien de Zanzibar,
    Ou même de Montcuq, il s'en flattent, mazette,
    Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part,
    Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part.

    Le sable dans lequel, douillettes, leurs autruches
    Enfouissent la tête, on trouve pas plus fin ;
    Quand à l'air qu'ils emploient pour gonfler leurs baudruches,
    Leurs bulles de savon, c'est du souffle divin.
    Et petit à petit, les voilà qui se montent
    Le cou jusqu'à penser que le crottin fait par
    Leurs chevaux, même en bois, rend jaloux tout le monde,
    Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part,
    Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part.

    C'est pas un lieu commun celui de leur naissance,
    Ils plaignent de tout coeur les pauvres malchanceux,
    Les petits maladroits qui n'eur'nt pas la présence,
    La présence d'esprit de voir le jour chez eux.
    Quand sonne le tocsin sur leur bonheur précaire,
    Contre les étrangers tous plus ou moins barbares,
    Ils sortent de leur trou pour mourir à la guerre,
    Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part,
    Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part.

    Mon Dieu, qu'il ferait bon sur la terre des hommes
    Si l'on n'y rencontrait cette race incongrue,
    Cette race importune et qui partout foisonne :
    La race des gens du terroir, des gens du cru.
    Que la vie serait belle en toutes circonstances
    Si vous n'aviez tiré du néant ces jobards,
    Preuve peut-être bien de votre inexistence :
    Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part,
    Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part.


    Ya rien de plus saoulant que le racisme ordinaire, celui qui fait se sentir tout faraud le type qui se sent chez lui, et en droit de vanner outrageusement celui, qui d'après lui toujour, n'est pas à sa place, dans son milieu, chez les siens.  Vanner, parce que je suis polie, mais on pourrait aussi dire "moquer" "insulter" "dénigrer"... 


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  • Un petit moineau, tout petit, dans son nid
    Regarde chaque matin passer le fier héron
    Et crie, de toute la force de ses petits poumons,
    Suivant des yeux l'oiseau jusqu'au ris

    TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON !
    TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON !
    TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON...

    Lorsque tombe le soir et que s'en revient l'échassier
    Passant devant le nid de son vol lent et majestueux
    le chetif passeraux recommence, comme un furieux
    d'hurler sa rengaine frénétique à plein gosier

    TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON !
    TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON !
    TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON...

    Le fier oiseux, las de cette ode peu harmonieuse
    Et qui à ses oreilles commençait de devenir ennuyeuse,
    Sur la branche où pépiait passionément sa groupie,
    se posa, replia ses ailes et sentensieusement lui dit :

    "Héron, héron, petit, pas tapon"


    et ce n'est pas fini, car la même blague existe aussi en version Fantasy, inspirée par l'oeuvre de l'immortel Tolkien, qui en se moment même fait des bonds de carpe dans son tombeau, allez comprendre pourquoi.

    Tout les matins, dans le chateau de Rivendel
    Caché soigneusement derrière un buisson
    Un hobbit, en route vers la LothLorien
    S'extasie au passage du fier Elrond

    TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON...

    Tout les soirs, sans aucunne crainte du ridicule,
    pour saluer le coucher du noble être,
    n'ayant rien fait d'autre qu'attendre, peut-être,
    à plein poumon, il hurlait, l'animalcule.

    TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON ! TAPON...

    Las de cette hommage peu harmonieux,
    à côté de l'alfeling, le roi de ses lieux
    en rammenant ses robes s'assit
    et de sa voix enchanteresse lui dit :

    << Elrond, Elrond petit, pas Tapon >>


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